Le 20 Minutes est certes un journal dit "gratuit" (c'est-à-dire payé par les gens qui achètent les produits qui font de la publicité dans ses pages), mais cela ne devrait pas le dispenser de suivre certaines règles de déontologie journalistique, d'autant qu'il est le quotidien le plus lu de Suisse. Hors, on y trouve tous les jours de véritables pépites de désinformation. En voici une très belle.
Dans un article sur les violences dans les trains suisses, daté du 11 novembre 2012 [1], voilà ce qu'on peut lire :
Cinq fois plus de menaces [titre du paragraphe, en gras dans l'article]
Dans la première moitié de l'année, les attaques contre le personnel des trains ont en effet augmenté de 22%. Au total, 110 contrôleurs ont avoué avoir été victimes de violences physiques. Près de cinq fois plus [c'est moi qui souligne], soit 539, ont été menacés. Ce qui représente une augmentation de 32% par rapport à l'année passée.
"Cinq fois plus de menaces"... Que l'an dernier ? Que d'autres pays ? Que nenni ! "Cinq fois plus de menaces"... que de "violences physiques" ! Ou pour être précis, cinq fois plus de contrôleurs menacés que de contrôleurs agressés physiquement. Sur le même mode foireux, on aurait tout aussi bien pu titrer ce paragraphe "Cinq fois moins de violences physiques", mais l'effet n'aurait évidemment pas été le même... Peu importe, au fond, puisqu'en réalité, l'augmentation est de 32%.
Pour paraphraser Audiard : les journalistes sans éthique, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.
[Notes]
[1] A lire ici
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